De nouveau du réseau, on est le 23/07 au soir, et on est épuisés nerveusement... Revenons-en là où on avait laissé notre récit. 


Au matin du 21/07, la route vers la jungle au nord est magnifique. Elle longe la côte pendant très longtemps, et nous passons à côté de plages dignes des îles du Pacifique. Puis elle bifurque vers l'intérieur des terres, et nous passons au travers de champs de canne à sucre à perte de vue. La récolte est en cours, et ressemble beaucoup au maïs chez nous : un genre de moissonneuse-batteuse passe dans les rangs et coupe les plants, elle déverse la partie utile dans un camion benne qui roule à côté, et expulse les déchets à l'arrière, où une nuée d'oiseaux fait son festin en grignotant les insectes délogés par le remue-ménage. Les camions benne une fois pleins vont déverser leur cargaison dans un train de marchandises, dont la voie ferrée court sur des kilomètres en bordure de la route. 


L'accès à la jungle est ponctué d'une traversée en ferry de la rivière Daintree, boueuse à souhait, et sur laquelle plusieurs croisières en bateau sont proposées pour aller voir les crocodiles. Miam !


Au delà de la rivière, la jungle est le territoire des casoars.


Les enfants sont particulièrement pénibles aujourd'hui à l'arrière de la voiture, et c'est à bout de nerfs qu'on arrive enfin prendre nos quartiers au Crocodylus Village. 


Notre cabane est très grande, peut être dans les 40 m2 incluant WC et douche. Ossature bois, plancher surélevé sur pilotis (~1 m), murs en toile plastique grossière. La façade tournée vers la jungle est faite d'une moustiquaire pour renforcer l'immersion, vue sur la verdure obscure. La cabane possède 1 lit double et trois lits superposés, tous nappés d'une moustiquaire pendant du plafond. Ça SEMBLE imperméable aux insectes, mais ça ne l'est pas. D'entrée de jeu, Camille trouve un genre de scarabée sur l'intérieur de la moustiquaire de son lit (un gentil, je le mets sur ma main pour le faire sortir). 


Comme il est encore tôt, nous posons nos affaires et prenons la voiture pour aller voir la mer, non loin de là : une crique du nom de Cow Bay, entièrement cernée par la jungle, ambiance Koh Lanta. La baie est absolument incroyable. L'eau est chaude (mais la baignade est déconseillée à cause des méduses), et à chaque extrémité de la plage en forme de croissant, on trouve une petite rivière fraîche, venant des entrailles de la jungle sombre et épaisse, et traversant des mangroves avant de se jeter dans la mer. On sent bien que depuis les ténèbres au fond, les crocodiles nous observent (ta ta tsiiiiin). Sur la plage, de petits crabes souterrains font de l'art sans le savoir : ils extraient de leur gallerie de petites boules de sable, qu'ils disposent tout autour de l'entrée selon un schéma apparemment aléatoire et pourtant si beau, qu'on se dit que la nature est bien faite. La mer rejette sur cette plage un nombre incroyable de morceaux de corail mort et de pierres de toutes les couleurs, cf. photos. On trouve également (mais en cherchant bien, hé hé) des morceaux de pierre ponce à l'état naturel, suffisamment légers pour flotter sur l'eau. Apparemment ces "plumice" sont arrivées en Australie suite à un tremblement de terre en Nouvelle Zélande il y a 2~3 ans. Vous imaginez la tête des gamins quand je leur montre une pierre qui flotte... Tout le monde veut la sienne, et j'imagine déjà la tête du douanier, de retour en France, qui nous demandera "rien à déclarer ?" La balade a au moins comme effet de faire retomber entre parents et enfants la pression accumulée pendant le trajet. 


Retour au village, et Pascale, livide, trouve sur le mur derrière un lit une araignée de taille respectable, qui renvoie tous les Aragogs de notre maison de Pontcharra au rang de minus. Celle-ci, je la sors en la mettant sur le balai, à bonne distance. Je n'ai pas pu la prendre en photo car plus de batterie, dommage. Apéro pris à l'aire commune du village, pour se remettre de l'émotion de l'araignée avec une bonne bière australienne, et très bon repas également, avec enfin un peu de verdure. 


On regagne notre cabane pour la nuit, on l'inspecte une dernière fois à la recherche d'intrus (même si en fait, ce sont NOUS les intrus), on couche les enfants en bordant la moustiquaire sous leur matelas. La nuit est bercée par les chants d'insectes et batraciens en tous genres, la chute de graines diverses sur le toit, et, vers 4 heures du matin, des cris angoissants d'animaux manifestement pas très petits. Avec les premières lueurs de l'aube, les chants d'oiseaux se joignent à la cacophonie.


De l'art du compromis dans un couple : je trouvais que l'immersion dans la jungle était un peu légère, avec le bruit de la route qu'on entend non loin, quant à Pascale, elle trouve qu'on est allés un peu trop loin dans l'immersion...