Lever aux aurores comme prévu, on ne sait pas encore que cette journée nous réserve une grosse surprise.


On prend la route en direction des "faery pools", littéralement les piscines des fées. Il s'agit de bassins creusés naturellement par un torrent au gré de ses multiples cascades, et qui sont, comme les fées... tout mignons ! Les bassins sont effectivement très beaux, l'eau y est tellement claire qu'on voit le fond, et les différents reflets turquoises, mélangés au vert de la prairie qui les entoure, rend l'endroit magique. Par endroit, des touristes courageux tentent la baignade, mais ils ressortent quand même bien vite, on les comprend.


Le torrent n'est pas bien long, en un peu plus d'une heure d'un pas tranquille, on a atteint le point où, pour continuer à le suivre, il va falloir escalader de sacrées montagnes. On fait donc demi-tour après un tout petit bain de pieds, histoire de s'assurer que oui oui, l'eau est bien glaciale !


À noter, au beau milieu de cette pampa loin de tout, mon téléphone sonne : c'est l'URSSAF qui m'appelle pour discuter de mon échéancier de paiement ! Il était temps, ça fait bien un mois que je leur avais demandé de me joindre pour revoir tout ça. Mieux vaut tard que jamais, je prends 5 minutes pour le boulot, la dame au téléphone est loin de se douter de l'endroit où elle a réussi à me joindre 😆


De retour au camping-car, on opte pour la visite d'un château à 30 minutes de route, et là, c'est le drame. En roulant dans un nid de poule assez profond (les routes ne sont pas très bien entretenues ici), le moteur s'arrête avec un message désespérant : CHECK ENGINE, FUEL CUT-OFF, SEE MANUAL. Les warnings se sont mis automatiquement.


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Si vous voulez vous épargner une longue lecture inutile sur les errements mécaniques d'un vacancier pas doué, et avoir directement la suite de cette journée, allez directement à la ligne "======" ci-dessous...


Vu le boucan qu'a fait le véhicule lors du choc, je m'attends au moins à avoir laissé le moteur dans le trou de la route... Avec l'élan résiduel, on arrive à se mettre en dehors de la route principale, on gène quand-même les gens qui empruntent le carrefour où elle croise une petite route perpendiculaire... Un véhicule de 7 m de long, ça gêne pas mal la visibilité.


Rapide inspection sous le camping-car : aucun fluide ne coule, ni sous le moteur, ni sous la partie "habitable" : je me méfie car j'avais lu que deux vannes pouvaient s'activer en cas de choc : celle de l'eau potable qui s'ouvre (on perd 100 L d'eau si elle s'ouvre à cause d'un choc), et celle de l'arrivée de gaz qui se ferme (elle isole la bouteille de gaz des appareils qui l'utilisent, pour éviter les fuites et les risques d'incendie). Je ne me préoccupe pas de la vanne du gaz, si elle s'est fermée, ce n'est pas gênant pour l'instant.


Je remonte la route jusqu'au nid de poule, rien de particulier, pas de trace de choc, de liquide, de pièce mécanique cassée... C'est déjà ça. Retour au camping-car, impossible de le démarrer, le tableau de bord nous remet sans cesse le message inquiétant. On cherche le fameux manuel, que Pascale finit par trouver dans une boîte à gants centrale qu'on n'avait même pas remarquée. Et on lit dans le manuel qu'en cas d'accident, une vanne se ferme pour couper l'arrivée du carburant : la même sécurité que pour le gaz, en fait. Le bouquin dit que si la vanne s'est fermée par erreur, il n'y a qu'à la rouvrir en pressant un bouton, il y a même un petit schéma qui montre où est le mécanisme : sous la boîte à gants, contre la carrosserie. On remarque tout de suite que le bouquin illustre un véhicule avec conduite à gauche alors que la nôtre est conduite à droite : on cherche donc ce bouton côté passager, à gauche.


Malheureusement, là où le dessin montre un bouton visible comme le nez au milieu de la figure, sous la boite à gants, on ne trouve que des caches qui sont totalement inamovibles, vissés au plancher, certains recouvrant partiellement d'autres, certains étant même bloqués par les rails des sièges... J'ai beau m'escrimer tant que je peux avec le pauvre tournevis de la boîte à outils fournie, impossible de voir le moindre bouton. On en vient à douter, à chercher côté conducteur, c'est pas mieux, avec en plus les pédales, les câbles électriques, le cardan de la direction, les tableaux de fusibles qui compliquent la recherche... Rien qui ressemble à un bouton... J'essaye de passer les mains sous les caches, avec le seul toucher, impossible de trouver.


Entre temps on a joint l'assistance téléphonique, qui a l'air aussi perdue que nous, qui nous rappelle parce qu'elle veut qu'on lui réexplique tout, in English avec le bon accent écossais... Finalement elle nous envoie quelqu'un, qui viendra... quand il viendra. Au bout d'une heure à chercher en vain cette foutue vanne, je me résoud à attendre, mais j'ai un peu la trouille qu'ils nous envoient un gars qui ne va pas trouver mieux que nous, et qui nous dise qu'il doit emmener le camping-car pour tout démonter le plancher. Si c'est ça, on vient de signer la fin des vacances. Entre temps, certains automobilistes s'arrêtent, demandent si on a pu joindre quelqu'un. Sympa. Un gars du voisinage également passe nous voir et propose de nous payer un café (mais les enfants profitent de l'arrêt forcé pour casse-croûter à l'arrière, on a déjà bien entamé l'après-midi). Il me dit que c'est pas de pot, on n'est qu'à 2 ou 3 miles d'un garagiste.


Par dépit, j'ai mis mon petit gilet jaune fluo d'urgence, pour que les gens voient que je suis en panne et pas stationné (certains m'engueulent d'être en panne précisément ici), j'ai déployé mon petit triangle rouge le long de la route... Et j'attends. Aucun internet mobile.


Le voisin me propose alors de me prêter son code wifi, et j'ai une idée : on va aller voir sur internet où est vraiment ce foutu bouton d'arrivée d'essence ! En deux minutes, j'ai trouvé une vidéo YouTube d'un gars qui montre comment il a trouvé accès au bouton ! Lui a carrément viré un cache qui est normalement impossible à ouvrir (car vissé depuis l'intérieur, c'est intelligent), et il montre entre plusieurs câbles où se situe le bouton ! Pas vraiment là où montrait le manuel, mais pas loin... C'est un peu plus au centre, pas du tout vers la carrosserie. Je tente de tirer un peu sur le cache, je n'arriverai pas à l'enlever, mais peut-être à passer un doigt... Hop hop hop ! Bingo, je trouve le bouton ! Soulagement. Un tour de clé : ça démarre ! Je me gare mieux, descends remercier chaleureusement le voisin, Pascale va récupérer le triangle, et on est partis.


Mais on n'est pas au bout de nos surprises : un voyant jaune est resté allumé, de même que CHECK ENGINE (vérifiez le moteur). Pourtant, la mécanique a l'air de bien tourner, j'ai vérifié plusieurs fois qu'on ne perdait rien sous le moteur. Ni une, ni deux, on décide d'emmener la machine voir le fameux garagiste d'à côté. On y est en moins de 5 minutes. Diagnostic éclair : c'est allumé à cause de la coupure automatique qui a eu lieu, pour éteindre le voyant il faut dérouler un diagnostic moteur complet... C'est 6 £ me dit le gars. Seulement 6 £ ? Je suis ravi. Non, 60 £ ! Ah j'ai mal compris. C'est long ? Non, une demi-heure... Bon ben allons-y... Et 5 minutes plus tard c'est terminé... Voilà 60 £ bien facilement gagnés (ça fait cher de l'heure, quand même)... Mais au moins on est rassurés !


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On repart donc après avoir perdu plus de deux heures. On rejoint le château, dont on expédie la visite dare dare (il est moins bien que Eilean Doran), et ça ferme, il faut qu'on aille prendre possession de notre camping...


Bilan de la journée... Mitigé ! Ça ira mieux demain : visite du Nord de l'île, aujourd'hui on a fait une petite partie du Sud.