Lever 6 heures du matin, petit déjeuner sur le pouce, on se prépare pour la croisière sur la grande barrière de corail.


On monte à bord du bateau et tous les membres d'équipage nous sautent dessus les uns après les autres pour nous vendre des activités aquatiques en supplément... Tout est alléchant !


J'ai déjà réservé une initiation à la plongée sous-marine, c'est un truc que j'ai toujours voulu essayer, alors autant commencer dans un des endroits les plus réputés de la planète !


Au large la météo semble exécrable... Le bateau tangue tellement que Pascale, Sylvain et moi n'en menons pas large au bout d'une heure à fond sur les vagues qui grossissent. On est tout verts, le sachet en papier est prêt, on se soutient mentalement les uns les autres en se disant que c'est bientôt fini. Et effectivement, les moteurs se taisent, on est arrivés à destination : la plateforme Marine World où ont lieu toutes les activités nautiques. Les nuages disparaissent presque comme par enchantement, le soleil inonde la mer... Vu d'en haut rien de terrible, tout au plus, on voit qu'à quelques encablures de la plateforme, les vagues font de l'écume, ce qui indique que les récifs sont juste sous la surface. On est un peu paumés et on ne sait pas encore ce qui nous attend. On accoste sur la plateforme où le personnel s'affaire. On suit le mouvement, on enfile une combinaison neoprene, on met un gilet de flottaison aux enfants, on prend palmes, masques et tubas, et on se dirige vers... Ah, non, on appelle au micro les groupes 1 et 2 pour la plongée, c'est moi. Je laisse Pascale avec les enfants, et je me dirige vers le stand plongée. Je suis dans un petit groupe avec un instructeur (super sympa), un autre débutant comme moi, et son pote, qui lui est plongeur certifié, et accompagne son ami pour filmer son baptême. 4 personnes, c'est chouette. On m'a prévenu au briefing que je n'aurais pas à m'inquiéter des instruments de pression, de la réserve d'air, des valves et soupapes diverses, l'instructeur s'occupe de tout pour nous. On me passe une ceinture lestée, comme le scaphandrier Playmobil que j'avais eu étant jeune (merci maman et papa), et un gilet où sont attachés tous les trucs utiles, genre une bouteille d'air, deux détendeurs, les valves et instruments à ne pas toucher. Assis sur le banc tout va bien. Debout, ça pèse une tonne ! Et dans l'eau... Hé bien je vais le savoir très bientôt, on nous fait descendre un escalier métallique à claire-voie qui arrive sous la plateforme, on a très vite de l'eau aux genoux, aux hanches, brrr c'est froid mais pas le temps de s'apitoyer, aux épaules... L'ambiance est déjà particulière, en dessous de nous tout est bleu clair, au dessus c'est noir, le fond nous appelle. L'instructeur nous rappelle les exercices de base : déjà mettre la tête sous l'eau et respirer, pour s'habituer au détendeur. Je m'exécute et ressors la tête de l'eau. Il me fait signe de recommencer, bon. Je remonte, et il me fait comprendre d'y rester plus longtemps, pfff. D'accord, je remets la tête dans l'eau, et là !!! Obnubilé par la respiration, je n'avais pas vraiment regardé autour de moi les deux premières fois. Mais quel spectacle ! On est encore sur le sol métallique sous la plateforme, mais déjà on est cernés de poissons multicolores de partout ! Des petits, des gros, seuls ou en bancs qui s'approchent mi-curieux, et s'écartent mi-trouillards si on tend la main. Je ne veux plus remonter, l'instructeur descend sous l'eau à son tour pour nous dire la suite. Il faut s'accrocher à une corde qui surplombe le vide sous notre marchepied, non seulement je m'accroche mais je me suspends déjà dans le vide, je veux quitter cette plateforme. L'instructeur a des soucis avec l'autre débutant, qui refuse de s'accrocher, remonte la tête hors de l'eau, je les laisse à leurs affaires et je savoure à la fois le spectacle et cette sensation de liberté, je respire comme un poisson dans l'eau et c'est grisant, on se dit qu'on peut rester là autant qu'on veut. J'ai toujours adoré l'eau, et ça, cette plongée autonome, c'est vraiment extraordinaire. J'ai des flashes qui me reviennent des émissions du Commandant Cousteau, et du film qui a été réalisé sur sa vie, où on le voit avec sa femme se reposer au fond de l'eau, en tenue d'homme-grenouille. L'instructeur redescend avec les deux amis chinois. Puis il nous prend par le bras, l'autre débutant et moi, pour nous amener plus bas et nous écarter de la plateforme. C'est agréable, on se laisse guider. De temps à autre il nous lâche pour nous demander si tout va bien, il fait un rond avec pouce et index, on doit répondre la même chose si tout va bien, mais surtout pas un pouce levé façon Facebook, qui signifie qu'on veut remonter. Petit à petit, il voit que je me débrouille et que je vis ma vie, tout en restant proche de lui, du coup il ne tient plus que l'autre débutant, je nage librement à côté. D'un seul coup, un énorme poisson arrive, 80 cm minimum, c'est Wally, la mascotte de la compagnie, qui habite là et vient les voir tout le temps. Il tourne autour de nous, nous frôle, cherche le câlin (il est un peu gélatineux au toucher), et c'est à ce moment là qu'arrive le plongeur photographe, qui va prendre les clichés vendus ensuite à prix d'or sur le bateau. Et fais-moi un geste comme ça, et je mets Wally à côté de toi pour une photo de vous deux, et prends cette pancarte de Cairns, etc. L'instructeur nous emmène ailleurs, au dessus des coraux, où les poissons mangent, se faufilent, se cachent. La barrière de corail est magnifique. Des coraux de toutes les tailles s'enchevêtrent, se mélangent aux anémones et aux bénitiers géants, en plaques infinies au fond, ou en falaises descendant à la verticale. La variété des couleurs et des formes est de mise, et il en est de même pour les poissons : on voit tellement d'espèces qu'on ne compte même pas. Le clou du spectacle, une tortue de mer énorme picore les coraux au fond, sans s'occuper de nous, et nous tournons autour pendant un long moment beaucoup trop court 😁 ! Je serais bien resté là à la contempler, c'est difficile de raconter l'émotion que ça procure. C'est de l'émerveillement, teinté d'une conscience angoissante que toutes ces merveilles sont fragiles. Les astronautes qui ont pu voir la Terre depuis l'espace racontent un sentiment semblable quand on leur demande ce qu'ils ont ressenti là-haut. On nage encore pendant un moment qui me paraît beaucoup plus long que les 20 minutes prévues, quand le chinois expérimenté fait une boulette grosse comme lui. Absorbé par sa caméra, il s'approche dangereusement d'un récif derrière lui, en reculant, et ignore nos grands gestes d'avertissement : d'un coup de pied, il casse un morceau de corail grand comme un plateau de fromage ! Je me prends la tête à deux mains devant le spectacle, ce gamin de 30 ans vient de casser un bout qui a mis 30 ans à pousser (~1 cm/an). Ceci marque la fin de la plongée, on remonte sous la plateforme, et le gars se fait bien trop gentiment réprimander par l'instructeur. Je ressors quand même du stand de plongée avec des étoiles dans les yeux, quelle expérience fabuleuse !


Je trouve Pascale et les enfants dans le même état que moi : eux reviennent du stand tubas avec exactement le même engouement, les mêmes images (sauf la tortue). Enfin une activité où Quentin ne râle pas 😁. Apparemment au début il ne voulait pas faire de tuba, Pascale lui a dit de juste regarder sous l'eau avec le masque, et en voyant le spectacle il a immédiatement succombé au charme irrésistible de la grande barrière de corail : il a mis son tuba comme tout le monde et était comme un dingue ! Camille et Sylvain ont également adoré, tout comme Pascale, et comme ils veulent absolument me montrer toutes leurs découvertes, on repart illico au stand tubas. La zone est très grande, délimitée par des bouées flottantes, mais on ne va pas trop loin de la plateforme, même si des surveillants veillent au grain d'en haut. Les tubas (snorkel) évoluent en surface, tandis qu'au dessous, on voit les plongeurs avec bouteille (scuba diving), les plongeurs avec tuyau et détendeur (jusqu'à 3 mètres de profondeur, ils appellent ça "snuba" diving, contraction de snorkel et scuba), une passerelle sous-marine sous la plateforme permet le passage de gens équipés d'un casque amovible servi en air par un tuyau, façon scaphandre, et d'autres activités sous-marines plus ou moins fun. On revoit le gros poisson avec les enfants, on le baptise Jojo le mérou au lieu de Wally, hommage à Cousteau, et on passe encore un très bon moment jusqu'à ce qu'ils soient tout bleus de froid, on sort se sécher. D'ailleurs c'est l'heure du buffet, et on se régale de crudités, crevettes, makis japonais, fruits frais, on boude les plats chauds, la journée est superbe. On passera encore tellement de temps au tuba dans l'après-midi (avec la Gopro de Héni, 1000 mercis, les images vont être superbes) qu'on n'aura pas le temps d'essayer le bateau à fond transparent (qui n'a pour lui que le fait d'être au sec, mais c'est bien notre dernier souci) et un bateau semi-submersible (idem).


Quand on quitte la plateforme pour retourner à Cairns, tout le monde est ravi, la tête remplie de souvenirs. On s'achète les photos (ben oui), on discute avec mon instructeur qui nous indique des bons coins pour la suite du voyage, et le bus nous ramène au camping, où on boit l'apéro à la cool, la tête encore sous les flots de la grande barrière de corail.